Il m'arrive parfois de me perdre, par exemple quand je marche en forêt un peu au hasard et que tout à coup, je désire revenir sur mes pas alors que mes pas m'ont déjà dépassé depuis belle lurette. D'autres fois, je me sens perdu alors que je gis sur mon lit. Je me réveille et ne sais plus où je suis, ce que je fais là, qui je suis; même mon nom parfois m'échappe. Ces réveils sont plutôt déstabilisants.
Aussi me monterai-je particulièrement empathique envers Georges, crapaud de profession, quand j'appris son histoire de la bouche d'une amie chère. Nous causions au téléphone, elle en balade autour de chez elle, et moi sur la balcon du chalet de mes parents à Morgins. Nous devisions de choses légères: le bleu du ciel, notre avenir professionnel, le sens de la vie. Puis arriva le moment où elle rentra chez elle et se balada dans son appartement, jusqu'à s'exclamer d'une voix calme et posée:
- Oh, il y a un crapaud dans ma douche.
Lui aussi, dû se sentir à la fois perdu et désorienté. Je proposai alors de le baptiser Georges.
Il était arrivé là sans crier "GARE", ni autre chose, d'ailleurs. Touriste clandestin dans la salle de bain de Jeanne, il fit le trajet retour jusqu'au jardin dans le creux des mains de Jeanne, tout tremblant parait-il. Elle le déposa dehors, il y resta un moment, sidéré, puis bondit vers son avenir que nous lui souhaitons empli de réussites.
Quel rapport tout cela peut-il bien avoir avec cette jolie mésange noire perchée sur la cime d'un pin? Eh bien, c'est très simple: je fis cette photographie durant ce téléphone. La mésange était sans doute aussi curieuse que moi d'entendre le récit de la rencontre insolite de Jeanne et Georges.
elle contemple la montagne -
la grenouille